Claviers informatiques 3.0 : une norme pour mieux orthographier la langue française

La future norme définira un nouveau modèle de clavier informatique complet destiné au marché français. Sans bouleverser la disposition AZERTY1, le futur clavier offrira de nouvelles possibilités, respectueuses des particularismes d’écriture.

Temps de lecture : 4 minutes

La future norme définira un nouveau modèle de clavier informatique complet destiné au marché français. Sans bouleverser la disposition AZERTY1, le futur clavier offrira de nouvelles possibilités, respectueuses des particularismes d’écriture.

Après le clavier des machines à écrire puis les claviers d’ordinateur classiques, les utilisateurs disposeraient ainsi d’un clavier 3.0, facilitant l’agilité et l’intuitivité pour saisir les caractères spéciaux propres à chaque langue, en premier lieu le français.

Les défauts techniques des claviers français introduisent en effet de nombreux biais, à commencer par des erreurs de prononciation de mots, de noms de lieux et de famille, souvent écrits uniquement en capitales. D’autres conséquences, orthographiques cette fois, sont observées, par exemple du fait de l’impossibilité de saisir en majuscule le « ç » (c cédille). Les innombrables astuces d’utilisateurs partagées sur Internet et compensations offertes par les correcteurs automatiques seraient insuffisantes.

UNE ENQUETE PUBLIQUE OUVERTE A L’ETE 2016

Le projet de norme sera présenté en enquête publique à l’été 2016 pour recueillir les avis et contributions de toutes les parties intéressées. A commencer par les fabricants, représentés au sein d’un comité international2 piloté par la France.

Cette communauté du « clavier 3.0 » est aujourd’hui réunie au sein d’une commission de normalisation sous l’égide d’AFNOR, réunissant par exemple la Délégation générale à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture, l’Imprimerie Nationale, des industriels, des universités ou des associations d’usagers. La commission élabore le projet de norme, dans un large esprit de consensus.

Rappel du contexte :

Suite aux travaux menés sous l’égide d’AFNOR, la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, service du ministère de la Culture et de la Communication, a publié le 15 janvier sur son site Internet un livret intitulé « Vers une norme française pour les claviers informatiques »3 dans le but d’élaborer un nouveau modèle de clavier destiné au marché français, proposant notamment des majuscules accentuées, pour mieux orthographier la langue française sur ordinateur.

Malgré les recommandations de nombreuses instances officielles (Académie Française, Imprimerie Nationale, Cour de Cassation, etc.), beaucoup pensent qu’il ne faut pas accentuer les majuscules.

Ce sont les limites techniques de la machine à écrire d’antan qui ont contribué à renforcer cette idée, confortée encore aujourd’hui par les claviers français. Mais d’autres pays francophones (Belgique, Suisse, Canada) s’en sont émancipés. Plus étonnant : des pays européens (Allemagne, Espagne, Finlande par exemple) respectent souvent mieux l’écriture française que les Français ne le peuvent, car leurs claviers le permettent !

A propos d’AFNOR
AFNOR est l’organisme français de référence pour les normes volontaires. Il entretient et publie la collection de toutes celles qui existent, anticipe celles à venir, et accompagne leur création aux niveaux français, européen et international. Lancée à l’initiative des acteurs du marché, la norme volontaire est un cadre de référence qui vise à fournir des lignes directrices, des prescriptions techniques ou qualitatives pour des produits, services ou pratiques au service de l’intérêt général. Elle est le fruit d’une co-production consensuelle entre les professionnels et les utilisateurs qui se sont engagés dans son élaboration.

Toute organisation peut ou non s’y référer. C’est pourquoi la norme est dite volontaire.
____________________________

1« AZERTY » tire son nom des six premières touches alphabétiques du clavier. C’est une variante de la disposition « QWERTY », mondialement
répandue et brevetée en 1868 pour les machines à écrire, car elle évitait les risques de blocage des marteaux de frappe de la machine.

2JTC 1/SC 35 « Interfaces utilisateurs »

3 Livret « Vers une norme française pour les claviers informatiques »