Un audit énergétique obligatoire… et bientôt élargi au secteur tertiaire

Et vous, avez-vous réalisé votre audit énergétique ? Les grandes entreprises n’ont plus que quelques jours pour se mettre en conformité avec la loi. Et le secteur tertiaire sera également bientôt concerné par cette démarche à réduire les consommations énergétiques, avec à la clef des factures allégées. Deux entreprises témoignent.

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Audit énergétique

« Il a suffi d’une seule réunion avec notre veilleur de nuit pour voir notre facture d’électricité diminuer de 3 000 € sur quatre mois », raconte Jean-Paul Da Cunha, responsable du département QHSE et développement durable de Fuchs Lubrifiant. Cette filiale du groupe industriel allemand Fuchs Petrolub n’a pas attendu pour mener son audit énergétique, dès le mois d’octobre 2015. Parmi les conclusions remises par l’auditeur, une anomalie apparaissait la nuit, avec une consommation d’électricité bien supérieure aux attentes. « Après une rapide investigation, nous avons découvert que notre gardien n’éteignait pas systématiquement les lumières entre ses rondes, car il n’avait jamais été sensibilisé à la question. Ce que nous avons aussitôt fait, avec des résultats immédiats sur nos dépenses ! », poursuit Jean-Paul Da Cunha.

L’exemple résume l’esprit de l’audit énergétique rendu obligatoire par la loi DDADUE du 16 juillet 2013, dont l’article 40 retranscrit l’article 8 de la directive européenne de 2012 sur l’efficacité énergétique : ce n’est pas une contrainte, mais bien une opportunité, martèle le ministère de l’Energie, de l’Environnement et de la Mer. Si des travaux lourds sont parfois conseillés, comme l’isolation des bâtiments, certaines initiatives relèvent du bon sens et ne nécessitent pas le moindre investissement.

PREPARATION ET VISITE SUR LE SITE

L’audit commence par une importante phase préparatoire. L’entreprise fournit ses factures énergétiques, ses facteurs influents, le détail de son organisation et de son activité ainsi que toutes les autres informations utiles à l’auditeur pour organiser sa visite. La durée dépend de la taille et du nombre de sites ; dans le cadre d’un audit énergétique dans le domaine du bâtiment, il n’est pas nécessaire de contrôler toutes les installations, mais simplement un échantillon représentatif des sites. Sur place, l’auditeur récolte des données, prend de nouvelles mesures et procède à des analyses de terrain, notamment en interrogeant le personnel sur place. Quelques semaines plus tard, AFNOR Energies remet son rapport qui détaille, poste par poste, les différentes consommations et énumère les possibilités pour les optimiser et les réduire. La synthèse précise également pour chaque proposition la durée nécessaire avant le retour sur investissement.

« Ce document est très utile pour notre pilotage, il pointe des pistes d’amélioration que nous n’imaginions pas, souligne Delphine Bénard, responsable RSE de Docapost, filiale du groupe La Poste auditée en juillet 2015. Nous nous sommes intéressés en premier lieu à toutes les actions dont le retour sur investissement (ROI) est inférieur à cinq ans. Par exemple, relever dès à présent d’un degré la température dans les salles de serveurs, que nous climatisions plus que nécessaire, ajuster la puissance de nos contrats de fourniture d’électricité et remplacer, au fur et à mesure, nos éclairages par des équipements moins énergivores. »

ECONOMIES SUBSTANTIELLES

Les rapports remis quantifient également les économies potentielles. Avec parfois d’énormes surprises. « Si nous menons à bien toutes les opportunités inférieures à quatre ans de ROI, nous émettrons 542 tonnes de CO2 en moins par an, détaille Jean-Paul Da Cunha. Soit 57 % d’électricité et 7 % de gaz en moins, pour une économie de 236 000 € annuels ! » Parmi les pistes envisagées, la sensibilisation des collaborateurs et l’isolation de la tuyauterie, au cœur de l’activité industrielle de l’entreprise.

« 79 % des clients que nous avons audités pensent aller vers une mise en œuvre des actions recommandées », précise Catherine Moutet, responsable d’AFNOR Energies, qui insiste sur la nécessité d’un suivi. Pour les 52 entreprises auditées l’an dernier, les économies qui découlent des recommandations atteignent en moyenne 23 % de la facture énergétique. Dans les prochains mois, de nouvelles structures devraient être concernées par cette obligation : un décret élargissant le périmètre de l’audit aux bâtiments à usage tertiaire est attendu, avec les mêmes objectifs.

QUE DIT LA REGLEMENTATION ?

Toutes les entreprises de plus de 250 salariés ou réalisant plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires avec un bilan avec un bilan annuel supérieur à 43 M€ devaient réaliser, avant le 5 décembre 2015, un audit de leur consommation d’énergie. Pour laisser davantage de temps aux 10 000 structures concernées, le ministère de l’Energie, de l’Environnement et de la Mer a repoussé la date butoir au 30 juin 2016. En cas d’infraction, les pénalités peuvent atteindre 2% du chiffre d’affaires hors taxe du dernier exercice.

Pour rester en conformité avec la loi, les sociétés concernées doivent réaliser une étude portant sur 65 à 80 % de leurs factures d’énergie (carburant inclus), pour les dépenses liées au transport, aux bâtiments et aux procédés industriels. Seule la certification ISO 50001 permet d’être exempté de cette obligation, qui vise à réduire l’empreinte énergétique des entreprises en les incitant à prendre des mesures pratiques pour réduire leurs dépenses. AFNOR Energies fait partie des organismes qualifiés pour réaliser cet audit énergétique qui doit être conforme aux exigences de la norme NF EN 16247.

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Image : ©Dmitry Kalinovsky  / Shutterstock