Un MOOC pour se former à la normalisation volontaire
Les étudiants n’échappent pas aux idées reçues : au départ, quand on leur dit “normes”, ils pensent à une succession de contraintes. Mais très vite, ils comprennent que ces contraintes sont des règles du jeu, qu’elles accompagnent les marchés et favorisent la diffusion des innovations.
Pour Xavier Daran, secrétaire général de l’Assemblée des directeurs d’IUT (ADIUT), les normes volontaires ont toute leur place dans les bachelors universitaires de technologie (les anciens DUT). Il a aujourd’hui obtenu satisfaction : depuis mi-novembre 2025, cette filière de l’enseignement supérieur, comme toutes les autres, a accès à un MOOC débroussaillant la normalisation, et mis au point par AFNOR sur la plateforme FUN ici. Il est essentiel que les étudiants connaissent ces textes de référence en entreprise. Et je trouve important qu’ils sachent, une fois en poste, que les normes sont rédigées par leurs pairs ! Certains d’entre eux ont envie d’innover, de contribuer à infléchir le marché. Ils sont très sensibles par exemple à la dimension environnementale. Ainsi qu’au périmètre international des normes ISO et à leur évolution numérique, avec l’arrivée des smart standards
, poursuit Xavier Daran.
Un partenariat historique consolidé avec les IUT
Reconduite en 2024, la première convention entre AFNOR et les instituts universitaires de technologie date de 2008. Côté AFNOR, c’est Bernadette Ruetsch qui fait le lien entre le monde des normes volontaires et celui de l’enseignement, en priorité à partir d’un niveau bac + 3. En charge de cette mission depuis 2023, elle multiplie les passerelles vers les écoles et les entreprises. Et dispense elle-même des cours, en école d’ingénieurs par exemple. « Matériaux de construction, cosmétique, ferroviaire, eau, aéronautique… Pour chacune de leurs spécialités, il existe plusieurs normes quotidiennement appliquées en entreprise. Et quand je leur parle d’intelligence collective, ils accrochent. Même chose pour la portée internationale des normes , apprécie-t-elle. Cliquez ici pour consulter toutes nos ressources sur l’enseignement des normes.
Pour toucher un public encore plus large que les écoles déjà partenaires, AFNOR a imaginé un MOOC initiatique, pour contourner les obstacles structurels : Les quelque 3 000 écoles et universités en France sont autonomes, il faudrait convaincre un par un chaque professeur d’enseigner la normalisation », indique Bernadette Ruetsch. Le MOOC offre donc un accès universel et gratuit, sous forme de vidéos, témoignages, illustrations, mises en situation avec des professeurs virtuels, « Alexis » et « Rosa », accompagnés d’étudiants (Tom et Emma). Le contenu des quatre modules a été validé par les grands adhérents d’AFNOR, autrement dit, par les professionnels eux-mêmes :
- Le rôle stratégique de la normalisation : qu’est-ce qu’une norme et à quoi sert-elle ?
- Les interactions entre normes et réglementation, certification, innovation et recherche
- Dans les coulisses de la création des normes volontaires
- Décrypter une norme et faire sa veille sur les normes
Le MOOC donne des bases solides pour comprendre les interactions entre normes, réglementation, certification, innovation et recherche. Une attestation de suivi du MOOC et un badge de réussite à partager sur les réseaux sociaux sont délivrés après un quiz de validation des acquis.
Former (aussi) les enseignants : un effet démultiplicateur
La mission de Bernadette Ruetsch vise également les enseignants. « Leurs intérêts sont croissants, notamment dans les filières qualité et environnement. Par exemple, 250 enseignants de BTS biotechnologies et bioqualité se sont connectés à notre premier webinaire de sensibilisation à la normalisation, coorganisé avec l’inspection académique et deux entreprises ., indique-t-elle. En 2026, des formations en présentiel devraient être proposées à 60 professeurs référents de ces BTS.
À l’école comme en entreprise, la normalisation apparaît comme une compétence à part entière, recherchée, mais encore peu valorisée. Contribuer à la normalisation n’est pas toujours valorisé en France, conclut Bernadette Ruetsch. Pour autant, plusieurs pays d’Asie, notamment en Corée du Sud ou en Chine, organisent des Olympiades de la normalisation dès le lycée ! La discipline gagne en reconnaissance. L’Europe aussi a décidé de s’engager dans cette voie et plusieurs pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou l’Italie déploient des formations dans leurs universités. Former les actifs de demain à la normalisation permettra de porter les intérêts de leurs employeurs dans les normes de demain.