Nouveau look pour la norme sur l’événementiel responsable

Si vous organisez des événements, vous connaissez forcément l’ISO 20121. La norme qui donne un mode d’emploi pour organiser un événement responsable vient d’être mise à jour et devrait aider petits et grands à tenir leurs promesses environnementales et sociales, du fest noz breton aux grandes compétitions sportives internationales.

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Nouveau look pour la norme volontaire 20121

En France, elle a permis de certifier le G7 en 2019 ou encore les activités culturelles de la ville de Saint-Raphaël , dans le Var… La norme volontaire ISO 20121 donne un mode d’emploi pour organiser un événement responsable, en passant en revue les trois piliers du développement durable : l’économie, lenvironnement et la société. Elle s’intéresse à l’eau, aux déchets, aux énergies, aux transports, au recours à l’économie solidaire, et à bien d’autres points. Avec quelques limites, qui sont dues à son caractère précurseur : en 2012, lorsque la norme est née dans l’enceinte du British Standard Institute (BSI, l’équivalent britannique d’AFNOR) avec en ligne de mire les olympiades cette année-là à Londres, on était encore loin de la prise de conscience actuelle des défis environnementaux et climatiques.

De Londres à Paris

Si la norme était plutôt en avance de phase en 2012, il était temps de la revoir en 2024, notamment pour éviter le piège du greenwashing. En effet, certains événements -locaux ou planétaires – ont pu se revendiquer conformes à ce tuto RSE, mais en surface seulement. « En l’espace de douze ans, les attentes des citoyens ont tellement augmenté que la révision était indispensable », résume Pauline Teyssedre, présidente de la commission de normalisation AFNOR ayant coordonné les travaux français, et directrice de la stratégie de l’agence Galis, elle-même certifiée sur la base de la norme depuis huit ans. Les attentes, mais aussi les pratiques : « Il fallait faire évoluer cette norme pour que la filière événementielle, dans son ensemble, puisse s’organiser comme il faut, abonde Romain Riboud, à la direction de l’impact et de l’héritage du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, dans cette vidéo . Et faire en sorte que le texte reflète les progrès des professionnels, en les partageant au plus grand nombre », notamment sur cette notion d’héritage [l’empreinte locale que l’événement laissera une fois terminé, ndlr].

Intéressé par la dimension mondiale du projet et encouragé par le Comité international olympique, Romain Riboud a piloté, pour le compte de Paris 2024, un groupe de travail fédérant 16 pays et une dizaine de structures internationales de liaisons sous l’égide de l’Organisation internationale de normalisation (ISO). Avec l’objectif, ensuite, de mettre le document en application à l’occasion de son grand événement de l’été. « On a réussi à rendre cette norme à la fois plus ambitieuse sur le fond et plus souple sur la forme », complète Romain Riboud. A ses côtés au sein de la commission AFNOR : des prestataires de services, des organisateurs de salons, des exploitants de salles, des consultants… Au total, 180 professionnels, dont ceux regroupés dans l’Union française des métiers de l’événement (Unimev).

Achats responsables, droits de l’enfant et ODD

Alors, en quoi la version 2024 remédie-t-elle aux faiblesses de la version précédente ? « Le texte demande désormais aux organisations de rédiger une politique de développement durable et de mettre en œuvre un plan d’actions, avec des objectifs et des indicateurs fixés en amont, annonce Pauline Teyssedre, qui préside aussi la commission RSE de l’Unimev. Nous avons beaucoup travaillé sur la notion d’héritage : comment optimiser l’existant, que reste-t-il d’un événement une fois terminé. »

Autres nouveautés importantes, le chapitre 8 qui évoque les achats responsables (un sujet traité plus profondément dans la norme volontaire ISO 20400), ou l’annexe D, consacrée aux droits des enfants. « Nous avons choisi de travailler sur quatre axes, énumère Pauline Teyssedre. Le premier consiste à aligner la norme avec les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations-Unies. Ensuite, nous avons renforcé les exigences en matière d’évaluation de limpact. Il y a douze ans, la notion d’impact était moins tangible. Impact carbone, impact financier, impact humain, impact sur le territoire… Aujourd’hui, la norme demande explicitement de réaliser ces exercices. »

Un socle plus robuste pour la certification

Troisième axe : la clarification des processus de certification, pour les organismes amenés à auditer des organisateurs d’événements se réclamant conformes à la norme, comme AFNOR Certification ici . « Nous avons constaté que dun organisme à un autre, dune personne à une autre, les exigences n’étaient pas les mêmes. Nous avons donc retravaillé les définitions et produit une nouvelle annexe 100 % dédiée à l’évaluation », indique Pauline Teyssedre. En creux : il ne faut plus qu’un événement qui n’évoque pas spontanément la RSE obtienne la certification, comme par exemple la coupe du monde de football hyper-climatisée au Qatar en 2022.

La norme pose un socle commun d’exigences, mais libre à chacun de viser plus haut ! « Certains estiment que la norme doit fixer des objectifs communs à tous ; ce n’est pas mon cas, reprend Pauline Teyssedre. Sinon elle deviendrait élitiste. Or, ce n’est pas une norme réservée aux meilleurs. En 2024, l’important c’est d’y aller et d’embarquer le plus de monde possible, petits et grands. En France, il y a beaucoup de TPE et de PME dans l’événementiel. Il est important que celles qui ne disposent pas d’une personne à temps plein sur la RSE puissent prendre le train, et gagner des appels d’offres. »

La norme version 2024 fait apparaître une bibliographie qui a triplé de volume car de nombreux textes sont apparus entretemps et constituent de précieux supports. « Nos métiers ont beaucoup changé depuis la pandémie de covid-19. Nous avons besoin de les présenter correctement aux jeunes et d’attirer des talents. Dans cette optique, ces travaux de normalisation constituent pour nous une aide précieuse », conclut la présidente de la commission AFNOR.

 

En chiffres

l'ISO 20121 en chiffres

Une norme reconnue sur le terrain

Au 31 décembre 2022, 247 certificats ISO 20121 avait été émis dans le monde, dont 124 pour des organisations françaises, couvrant 216 sites.

Source : ISO Survey 2023