Une nouvelle posture pour la norme sur l’ergonomie au bureau

Avec l’avènement des open spaces, AFNOR publie, dans une nouvelle version, la norme volontaire NF X35-102 sur l’ergonomie dans les bureaux.

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Afnor : Une nouvelle posture pour la norme sur l’ergonomie au bureau

25 ans après sa parution, la norme volontaire NF X35-102 sur l’ergonomie dans les bureaux fait peau neuve. La version 2023 prend en compte les mutations profondes qu’a connues le tertiaire ces dernières années. Un texte de référence qui se veut facile à appliquer pour toutes les entreprises concernées.
Généralisation des open spaces, digitalisation des pratiques, essor du télétravail… En vingt-cinq ans, le bureau traditionnel s’est transformé en profondeur. De quoi bouleverser des organisations en place depuis des décennies… Vingt-cinq ans, c’est justement l’âge de NF X35-102, la première norme volontaire à définir les bonnes pratiques en matière d’ergonomie au bureau. Une première version est en effet sortie en 1998 ; une version 2023 est aujourd’hui disponible dans la collection AFNOR.

« Ce texte, très innovant à l’époque, s’intéressait essentiellement aux superficies, en indiquant par exemple les dimensions minimales d’un bureau fermé, se souvient Jean-François Cholat, à la tête de cette commission de normalisation –hébergée chez AFNOR- de 2000 à 2016. Mais les ordinateurs étaient alors fixes, chaque salarié avait sa propre imprimante, le téléphone portable n’existait pas et Internet commençait tout juste à tisser sa toile… Et c’était encore le règne du bureau individuel, tout était relativement simple. Depuis, la multiplication des espaces ouverts a rebattu les cartes et oblige à une réflexion plus approfondie. » Autre facteur d’évolution : le confinement, qui a banalisé le télétravail et supprimé son régime exceptionnel. Bref, les recommandations qu’énonçait la norme en 1998 étaient obsolètes.

Un guide de bonnes pratiques d’agencement

La commission AFNOR n’a pas attendu une pandémie pour se pencher sur la révision du texte. Ergonomes de grands groupes, consultants indépendants, autorités de santé… Pendant six ans, plus de 25 participants ont planché sur la nouvelle version du guide. « Ce délai n’est pas innocent : les membres ont vite perçu les mutations à l’œuvre au début des années 2000. Mais plutôt que nous précipiter, il nous a semblé judicieux d’observer, d’étudier et d’analyser des retours d’expérience avant de nous lancer dans une nouvelle version. Et cela, dans un souci de conformité avec la réalité », souligne Jean-François Cholat.

C’est d’ailleurs la volonté qui guide ce texte : s’inscrire dans la durée en insistant sur la conception des bureaux. Le point central de la norme est de proposer une démarche de conception basée sur l’analyse des usages et des activités, sans donner de solutions techniques toutes faites. Elle se base également sur l’anthropométrie, c’est-à-dire les dimensions de l’être humain, pour élaborer des espaces de travail adaptés. Hauteur du bureau et de l’assise, largeur et profondeur minimales du plan de travail… La norme décrit les bonnes pratiques à respecter, poste par poste.

Objectif télétravail

De la même manière, les caractéristiques des ambiances physiques d’un bureau modèle sont soigneusement décrites, à partir des références internationales récentes sur le sujet : éclairage, acoustique et thermique. « Il s’agit aussi d’éléments très pragmatiques, comme le calcul des zones de dégagement, pour faire en sorte que le salarié ne se trouve pas dans le passage et soit sans cesse dérangé par du mouvement derrière lui », illustre Pierre Ottaviani, animateur de la commission de normalisation. Autre point crucial : les salles de réunion. La norme décrit de quelle manière elles doivent être agencées pour proposer le meilleur confort aux occupants qui s’y rendent pour une visioconférence : faire en sorte que chaque participant soit correctement installé, voit l’écran dans une posture adéquate, garde son ordinateur à portée de main, etc.

« Cette norme volontaire s’adresse à la fois aux architectes et aux concepteurs de bureau, mais aussi aux professionnels de la prévention et des conditions de travail ainsi qu’aux représentants du personnel, rappelle Pierre Ottaviani. Elle reste très accessible, sans jargon ni termes trop techniques, pour que les acteurs de tout type d’entreprise, y compris dans les PME, puissent se l’approprier s’ils souhaitent repenser ou réaménager un espace. » L’enjeu de la norme : concevoir et aménager un cadre de travail confortable, adapté aux activités et aux usagers, et qui s’inscrive dans le sens de la prévention des risques physiques et psychosociaux. Essentiel en termes de productivité, de performance et de lutte contre l’absentéisme ! Et maintenant ? Place au télétravail ! Les acteurs à l’origine de la nouvelle version de NF X35-102 planchent désormais sur les règles de l’art de l’ergonomie du travail à distance. Vous pouvez participer aux travaux