Matériaux rares : la France marque un point décisif

Le 18 septembre 2023 se tenait la première réunion du comité technique 345 de l’ISO, piloté par la France. Derrière ce nom de code se cache un sujet essentiel pour notre industrie : celui des matériaux rares ou critiques, encore appelés « matériaux de spécialité ».

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Image sur la thématique des matériaux rares

Saviez-vous que pour fonctionner, votre smartphone a besoin de plus de 50 matériaux rares ? Parmi eux, et rien que pour les batteries : du lithium, du cobalt et du nickel. De l’indium aussi, pour pouvoir rendre les écrans tactiles. Mais les matériaux rares ne concernent pas que nos téléphones ; ils sont indispensables aux véhicules électriques, à toutes technologies numériques, aux énergies renouvelables, aux appareils médicaux, etc.

L’Union européenne a entrepris de les lister en 2014. Dans l’édition 2020 de ce recensement, leur nombre avait déjà plus que doublé : la liste atteignait 30 noms. Ces matériaux sont largement importés et font l’objet d’une vaste bataille économique et géopolitique. Le point de départ, c’est leur qualité : les industriels ont vite trouvé important de s’entendre sur la façon dont on mesure leur niveau de pureté, avant de les acheter. Et c’est là que la norme volontaire intervient.

ISO/TC 345 : 14 membres participants et 16 observateurs

En juillet 2023, après un an et demi de travail, de négociations et de diplomatie, la France a réussi un coup important sur l’échiquier mondial, qui s’avère particulièrement complexe, entre droits de douane et créations d’effets de rareté. Parmi les pions dont chaque pays dispose, l’un des plus puissants est celui des normes ISO. « Nous sommes heureux et fiers d’annoncer que l’ISO a validé la création d’un comité technique (libellé TC 345) sur les métaux et matériaux de spécialité, qui couvre en particulier le cobalt, et attribué le secrétariat est à AFNOR », a annoncé cet été Franck Lebeugle, directeur des activités de normalisation de l’association, qui a le mandat de représenter la France dans les enceintes internationales de normalisation volontaire. Le comité compte pour l’instant 14 membres participants et 16 observateurs.

Sont au programme le cobalt, essentiel à l’industrie nucléaire, et bien d’autres minéraux et matériaux tout aussi stratégiques : antimoine, béryllium, chrome, niobium, métaux du groupe du platine, graphite. « Exemple parfait de l’utilité des normes volontaires: c’est le point de départ d’une aventure qui commence avec les méthodes d’analyse… et qui nous mènera peut-être jusqu’aux sujets vitaux de la mine responsable et du recyclage », a conclu Franck Lebeugle. AFNOR devra veiller à construire la position française à défendre à l’international. Un webinaire d’information est organisé le 7 décembre 2023 pour présenter les travaux.

En attendant, les entreprises fourbissent leurs armes sur ce marché stratégique. A l’image d’Arverne, jeune entreprise industrielle spécialisée dans la géothermie et le lithium. Cette entreprise à mission a officialisée le rachat de Transition et son entrée en bourse, ce qui lui ouvre la porte à une levée de fonds de 150 millions d’euros, la plus grosse à la Bourse de Paris depuis le début de l’année 2023.